Le ruscisme ou pourquoi les Russes sont les nouveaux nazis

Le ruscisme ou pourquoi les Russes sont les nouveaux nazis

25 April 2022
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Pendant de nombreuses années, la propagande russe a qualifié les Ukrainiens de nazis, de néo-nazis, de bandero-nazis et les a accusés de nationalisme. Ces termes sont devenus largement utilisés, mais tout indique que peu de russes se souviennent réellement de leur signification. Néanmoins si nous regardons le sens de ces termes et l’Histoire russe de plus près, il s’avère que les Russes sont les coupables.

Dans cet article, nous expliquons en quoi le régime actuel de Poutine calque les régimes totalitaires de ses prédécesseurs.

L’article est un produit conjoint du groupe de réflexion «Vox Ukraine» et de «Histoires sans mythes», une chaîne populaire sur l’Histoire de l’Ukraine et du monde sans fioritures ni falsifications.

Propagande et réécriture de l’histoire

La propagande totalitaire sous l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste ou l’URSS communiste était 100% étatique. L’Etat était élevé au rang de culte – puissant et régissant les vies dans leur ensemble. Mussolini dans son “La doctrine du fascisme” a mis en avant le concept : «Tout dans l’Etatrien contre l’Etatrien en dehors de l’Etat

L’Allemagne nazie utilisait le slogan : « Un seul peuple, un seul État, un seul guide » (« Ein Volk, ein Reich, ein Führer »). Or, Poutine a construit la Russie sur le même principe. Ce n’est qu’officiellement une fédération. En réalité, c’est un empire unitaire rigidement centralisé et dirigé par un dictateur immuable qui est au pouvoir depuis 22 ans et dans lequel les peuples non russes se font russifier rapidement et totalement. Par exemple, les données officielles russes sur le nombre d’Ukrainiens en Russie : 4,4 millions en 1989, 2,9 millions en 2002, 1,9 million en 2010. En l’absence d’écoles, de médias, d’organisations socio-politiques et de centres culturels s’exprimant dans les langues des minorités, la russification est inévitable.

Le régime nazi en Allemagne est né du traumatisme de la défaite de la Première Guerre mondiale. L’effondrement de l’Empire Allemand, la perte d’une partie des territoires germanophones et, les graves crises économiques de 1918-1923 et 1929-1933 ont amené Hitler au pouvoir. Hitler a promis de “rétablir la justice”, de faire revivre la grandeur impériale perdue de l’Allemagne, de restituer les terres prises par les voisins. Il a “blâmé” les juifs et les communistes pour la défaite subie lors de la Première Guerre mondiale (a canalisé l’agression de la société allemande contre eux) et a maintenu dans l’esprit du public la notion d’”État hostile” (l’Allemagne entourée d’empires coloniaux capitalistes prédateurs : la Grande-Bretagne et la France), ainsi que l’Union soviétique “juive-bolchevique”, dont les territoires devaient devenir un “espace de vie” pour les Allemands).

De même, le régime de Poutine est né de l’expérience traumatisante de l’effondrement de l’URSS. Dans une société russe à mentalité impériale, cela était perçu comme une défaite sévère et une humiliation globale (d’où la haine particulière des États-Unis, du bloc de l’OTAN et de « l’Occident collectif », des « valeurs occidentales » et de la « démocratie libérale »). En 2005, Poutine a appelé l’effondrement de l’URSS “la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle”, à la suite de laquelle “des dizaines de millions de nos citoyens et compatriotes se sont retrouvés en dehors de la Fédération de Russie”.

L’objectif de la politique de Poutine coïncide avec l’objectif d’Hitler – restaurer la “grandeur perdue” de son État, reconquérir les territoires habités par des Russes, des Ukrainiens russophones ou fidèles à la Russie. Comme Hitler, Mussolini et Staline, Poutine professe le concept « d’autonomie » (autarcie, autosuffisance) et « des États hostiles » (les sanctions économiques et le vote à l’Assemblée générale des Nations Unies ne font que le conforter en ce sens). C’est le revanchisme typiquement nazi. Le désir de compenser la défaite de la guerre froide.

En juillet 2021, nous avons analysé en détail ce qui était publié sur le site du Kremlin : article sur « l’unité historique des Russes et des Ukrainiens par Poutine. Le fil rouge du texte est l’affirmation selon laquelle l’Ukraine est entièrement le fruit de l’ère soviétique. Après avoir vérifié toutes les thèses de l’article, nous avons pu confirmer qu’aucune n’était vraie. Sur ordre du Ministre de la Défense Sergei Shoigu cet article a été inclus dans les thèmes obligatoires de la formation militaro-politique dans l’armée. Il apparaît aujourd’hui clairement que le but de l’article était de justifier l’invasion planifiée de l’Ukraine, qui a eu lieu six mois après sa publication.

Le culte de la personnalité

Comme le régime nazi en Allemagne, le régime fasciste en Italie et le régime communiste en URSS, la Russie de Poutine promeut activement le culte de la personnalité de son dirigeant.

Hitler, Mussolini et Staline ont été très longtemps au sommet du pouvoir (Hitler de 1933 à 1945, Mussolini de 1922 à 1945, Staline de 1922 à 1953). En conséquence, ils ont perdu le sens de la modération, et il existait une croyance inébranlable en leur propre élection divine, l’infaillibilité, la mise en œuvre d’une grande mission historique. Les élections qui ont eu lieu pendant cette période étaient sans objet. Aucun des dictateurs n’avait de concurrents sérieux. Il était impossible de les écarter légalement du pouvoir tant qu’il y avait un régime politique. En conséquence, tous les trois ne se sont retirés de l’Olympe du pouvoir uniquement qu’à leur mort (Hitler s’est suicidé, Mussolini a été abattu, Staline est mort).

Des rues, des places et d’autres lieux ont été nommés en l’honneur des dictateurs. Leurs images étaient présentes partout. Les médias se concentraient constamment sur eux. La propagande utilisait constamment des images telles que : dictateur et un militaire, dictateur et des enfants.

Un trait caractéristique du culte de la personnalité des dictateurs est leur masculinité et leur machisme accentués. La propagande a dépeint Hitler, Mussolini et Staline, et continue de dépeindre Poutine comme des politiciens militants, déterminés, fanatiques et radicaux qui n’épargneront ni l’ennemi ni les efforts de leurs citoyens pour atteindre l’objectif. Rappelez-vous, la photo populaire de Poutine avec un torse nu.

Le Docteur en sciences historiques et membre correspondant de l’Académie nationale des sciences d’Ukraine Larysa Yakubova a écrit sur le culte de la personnalité de Staline (mais c’est aussi vrai pour les cultes d’Hitler, Mussolini, Poutine) en précisant que « des groupes professionnels entiers qui ont travaillé sur la terreur – physiquement et idéologiquement, dans des chambres de torture, dans la presse et à l’école. »

La formation du culte de la personnalité de Poutine a fait parler de lui dans les premières années de sa présidence. En particulier, en 2001, la BBC a attiré l’attention sur une large sélection de portraits de Poutine dans le métro. En 2014, le journal allemand Die Welt a écrit que le culte de la personnalité de Poutine a commencé à se développer avec le début de la guerre dans l’est de l’Ukraine et plus encore – après l’occupation de la Crimée. La publication étrangère a également noté que plus la Russie s’isole, plus elle s’incline devant Poutine.

Toujours en 2014, les journalistes d’Espresso.TV ont établi le «TOP 5 des folies commises par des fans du dictateur russe. » Les exemples suivants sont fournis: une conférence et une table ronde sur la relation entre Dieu et le président russe Vladimir Poutine (organisée en septembre 2014 à Moscou) ; l’Église des témoins de Poutine, qui opère dans le district de Kstovsky de la région de Nizhny Novgorod ; une série de smartphones iPhone 5s avec un portrait de Poutine et un extrait de l’hymne national russe  sur les panneaux arrières (fabriqué par la marque de bijoux italienne Caviar); une action “Casser la gueule pour Poutine”, lors de laquelle des filles ont défilé en T-shirts avec des portraits de Poutine et des slogans; distribution de vêtements avec des images de leur idole. Les gens dédicacent des chansons et des clips musicaux à Poutine, organisent en son honneur des évènements publics à grande échelle. Tout cela n’est qu’une partie de ce qui se passe dans la réalité russe.

Wikipédia contient une page “Le culte de la personnalité de Poutine, qui décrit en détail ce phénomène. Il existe des mythologies bien enracinées dans la propagande russe: Poutine – “leader national”, Poutine – “rassembleur des terres russes”, « Un mec bien », “Poutine contre l’oligarchie et les oligarques”, “La Russie a gagné la guerre en Tchétchénie”.

Symbolique

La lettre Z était présente en emblèmes de 4ème SS-Polizei-Panzergrenadier-Division, qui a participé aux batailles de la Seconde Guerre mondiale en France, en Union soviétique, en Grèce, en Hongrie, en Pologne et en Allemagne. La division SS a été impliquée dans des crimes contre des civils. En particulier, le 10 juin 1944, ils ont incendié le village Distomo en Grèce et tué 228 de ses habitants (dont 53 enfants et 117 femmes).

A l’origine, c’est un symbole runique appelé “Wolfsangel” – “crochet de loup”. À plusieurs reprises, il a été considéré comme un symbole de tyrannie cruelle et illimitée, de haine, de nazisme et de néonazisme.

Des versions inversées de “Wolfzangel” ont également été publiées comme emblèmes de la 2ème division blindée du SS “Das Reich” et la 34ème Division SS de Grenadiers Volontaires SS “Landstorm Nederland “, dans lesquelles ont servi des personnes du Danemark et des Pays-Bas. Les deux divisions ont également été impliquées dans des crimes de masse contre des civils. Par exemple, les SS Das Reich  et le Einsatzgruppe B ont activement pris part à l’Holocauste (exécution de Juifs) en Biélorussie en 1941, et la “Landsstorm Pays-Bas »– aux Pays-Bas en 1944-1945.

Le symbole V dans l’Allemagne nazie était utilisé comme « chevron de vieux combattant  », qui devait distinguer les plus anciens membres de la SS. Les membres des SS qui avaient rejoint le parti nazi (NSDAP) avant le 30 janvier 1933, jour de l’arrivée au pouvoir d’Hitler, avaient le droit de le porter. Ce symbole a été porté entre autres par le Reichsführer SS Heinrich Himmler– l’un des principaux criminels de l’Allemagne nazie.

Les Russes utilisent les lettres de l’alphabet latin Z et V non seulement pour marquer tactiquement leur équipement, mais aussi en général comme des symboles officiels de la guerre sanglante en Ukraine, qu’ils appellent une “opération spéciale”.

La plus courante est l’utilisation de la lettre Z.  Elle a été utilisée pour la première fois sur le réseau social Twitter quelques jours avant la guerre :18 – 20 février. La lettre V, et un autre triangle ou un carré sont apparus un peu plus tard. Parfois les lettres dessinées en blanc sur les engins militaires sont encerclées.

Ni dans les sources russes ni dans les sources étrangères, nous ne pouvons trouver d’informations sur la personne qui a inventé les symboles et ce qu’ils signifient vraiment. Il y a des hypothèses indiquant que le Z désigne les troupes de la direction ouest (« zapad » en russe), V – de l’est (“vostok” en russe) et le triangle – le sud. Certaines 

«explication des experts” ont même pensé qu’ils désignaient les initiales du président ukrainien: Z – Zelensky, V – Vladimir, O (cercle) – Olexandrovitch. Le Ministère de la Défense de l’Ukraine a trouvé sa propre explication des lettres racistes sur les véhicules ennemis et a exhorté les Ukrainiens à signaler s’ils les remarquent.

La première publication du symbole Z est apparue sur le compte Instagram officiel du Ministère de la La Défense de la Fédération de Russie le 2 Mars. Ensuite, les lettres ont été utilisées dans des slogans tels que : “Z – Pour la victoire”, “V – La force est dans la vérité”, “DémilitariZation”, “Pour la paix”, “V – La tâche sera terminée”, “Pour nos gars” et beaucoup d’autres.

Bien qu’il n’y ait aucune explication officielle des autorités russes sur la signification d’origine des symboles, ils sont utilisés à la fois par les agences officielles de la Fédération de Russie et par quiconque soutient l’agression et la “grandeur” russes.

Quelques exemples.

  • 5 Mars l’hospice pour enfants à Kazan a organisé une flash mob, dans laquelle il a aligné ses patients avec la lettre Z. Après cela, des flash mobs similaires avec l’utilisation d’ enfants se sont propagées dans tout le pays.
  • Le 6 mars, lors de la Coupe du monde à Doha, le gymnaste russe de 20 ans Ivan Kulyak, qui a obtenu la troisième place de la compétition, s’est rendu à la cérémonie de remise des prix en collant la lettre Z sur sa poitrine. Par conséquent, la Fédération internationale de gymnastique a prévu de le disqualifier pour un an.
  • La chaîne Telegram du mouvement orthodoxe radical “Sorok Sorokov” s’appelle désormais “Zorok Zorokov”.
  • Les courses de voitures en soutien à l’armée pendant lesquelles les voitures se placent pour former les lettres Z et V sont devenues très populaires en Russie.
  • Les agences gouvernementales, les fonctionnaires, les célébrités pro-gouvernementales et les gens ordinaires utilisent ces lettres latines sur leurs avatars dans leurs réseaux sociaux.

L’auteure new-yorkaise Masha Hessen dans sa chronique a écrit “Graphiquement, le Z est plus proche de la croix gammée que de tout symbole soviétique connu, comme l’étoile pentagonale, la faucille et le marteau, ou le drapeau rouge.”

Il est vraiment surprenant que la Fédération de Russie, qui met constamment l’accent sur le concept de « monde russe », de « slavitude », utilise des symboles latins au lieu du cyrillique. Cela contredit l’idéologie même de l’impérialisme russe, qui est clairement “anti-occidental”, “lié au sol”, “slavophile”.

Génocide d’autres nations

Un trait caractéristique des régimes totalitaires est la définition d’un « ennemi intérieur » suivi d’une terreur de masse et d’un génocide. Ceux qui ne peuvent pas être transformés en esclaves obéissants du système sont physiquement détruits. Cela est effectué afin d’éliminer toute opposition, d’unir la société, de canaliser l’agression de la majorité de la société contre la minorité, d’obtenir un soutien maximal pour les actions du gouvernement et d’empêcher toute critique de ces actions.

En Allemagne nazie, il y existait un culte de la supériorité de la “race aryenne” sur toutes les autres. Les “Aryens”, c’est-à-dire les Allemands de sang pur, étaient considérés comme des “Ubermen” (“personnes supérieures”). De la même façon, il y avait des “inférieurs” (“gens inférieurs”) – Juifs, Roms, Slaves, “métis”. Lors de la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942, leur destruction totale a été décidée : des Juifs ont été tués (jusqu’à 6 millions de personnes au total sont mortes dans l’Holocauste). Des Roms, des homosexuels et des malades mentaux ont également été massacrés.

Un exemple typique : du point de vue de la propagande nazie et de la vision nazie du monde, même les Japonais pourtant des alliés stratégiques étaient considérés appartenir à la « race inférieure » (pas des Aryens). Ainsi, lorsque l’armée japonaise remporta une victoire spectaculaire en février 1942 et s’empara de Singapour (principale base britannique en Asie du Sud-Est), Hitler agacé (qui était également en guerre avec la Grande-Bretagne au même moment !) a interdit au Ministre des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop de publier un communiqué de félicitations.

De la même façon, dans la Russie de Poutine, il existe un culte de la suprématie (“grandeur”) de la culture, de la langue, de l’histoire, de l’armée, de l’économie et de la tradition d’État russe sur toutes les autres. Les notions d’infériorité, de provincialisme, de faiblesse, d’impopularité, de sous-développement d’autres cultures, langues, traditions, etc. (en particulier l’ukrainien) sont propagées. Ces idées ont imprégné la culture russe et chaque foyer russe de façon massive depuis l’époque de l’Empire russe et de l’URSS.

Les Ukrainiens, les Tatars de Crimée, ainsi que tous les autres peuples des anciennes républiques soviétiques, ont toujours été des « petits frères » pour les Russes. Il convient ici de mentionner les crimes de la Russie en Tchétchénie, où à la suite des guerres russo-tchétchènes (1994-1996 et 1999-2009), selon diverses estimations, de 40 000 à 200 000 civils ont été tués. N’oublions pas non plus le génocide en Syrie, auquel s’est jointe l’armée russe. Selon le Centre de documentation sur la criminalité syrienne, de mi-mars 2011 à novembre 2020, 135 500 civils ont été tués. 

Dans son entrevue exclusive aux radiodiffuseurs publics européens le 21 mars le président ukrainien Volodymyr Zelensky commentant les pourparlers avec la Russie, a déclaré: « L’Ukraine ne sera pas en mesure de respecter l’ultimatum. Nous ne pourrons pas le faire physiquement. Nous avons perdu des gens. Autrement dit, nous devons tous être détruits, puis l’ultimatum sera automatiquement exécuté ».  L’ultimatum posé par la Russie consistait purement et simplement à annexer les terres de l’Ukraine. L’agresseur n’a pas besoin du peuple ukrainien, il a besoin des terres ukrainiennes. Le Kremlin ne s’attendait cependant pas à une forte opposition des habitants concernés, des plus vieux aux plus jeunes.

Selon les données du Haut-Commissariat des Nations Unies des Droits de l’Homme (HCDH), depuis le début de l’invasion russe en l’Ukraine, de 4 heures du matin le 24 février à minuit le 20 mars, 2421 civils Ukrainiens ont été victimes de la guerre. Parmi eux, 925 personnes sont mortes et 1 496 ont été blessées. Cependant, en réalité, les chiffres peuvent être beaucoup plus élevés. Le 21 mars, le commandant du régiment Azov, le major Denis Prokopenko, dans son commentaire à CNN a signalé, que rien qu’à Marioupol, le nombre de victimes parmi la population civile a atteint 3 000 personnes.

Depuis Marioupol détruite, les Russes ont déporté plusieurs milliers de personnes vers leurs territoires. “On sait que les habitants capturés à Mariupol ont été emmenés dans des camps de filtration, où les occupants ont vérifié leurs téléphones et leurs documents. Après l’inspection, certains habitants de Marioupol ont été redirigés vers des villes reculées de Russie, le sort des autres reste inconnu “, a déclaré le Conseil Municipal de Marioupol. “Ce que font les occupants aujourd’hui est familier à l’ancienne génération, qui a connu les événements horribles de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les nazis ont déporté des gens de force“, a déclaré le maire Vadym Boychenko.

Cependant les nazis ne sont pas les seuls à avoir  déporté des populations. L’un des plus grands crimes du gouvernement soviétique, lisez – la Russie, à la même époque a été la  déportation des Tatars de Crimée. En 2015, la Verkhovna Rada d’Ukraine a reconnu la déportation du peuple tatar de Crimée en 1944 comme un génocide. Bien sûr, nous ne devons pas oublier la terrible campagne contre les Ukrainiens –L’Holodomor 1932-1933, qui fit 4 millions de victimes.

Ignorer le droit international

L’Allemagne nazie a brutalement violé le droit international, les accords internationaux bilatéraux et multilatéraux. La signature d’un protocole additionnel secret au pacte Molotov-Ribbentrop le 23 août 1939 a ouvert la porte au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Dans ce document il s’agissait de la répartition des “sphères d’intérêt” en Europe de l’Est. En pratique cela consistait à déterminer quels pays et régions pourraient être occupés par l’Allemagne et lesquels pourraient l’être par l’URSS. Bien sûr, le protocole a été signé sans le consentement des pays cibles.

Bien qu’ayant conclu avec l’Union soviétique un pacte de non-agression de 10 ans (jusqu’en 1949), l’Allemagne nazie l’a violé à l’aube du 22 juin 1941, lorsqu’elle a attaqué l’URSS.

De la même façon, la Russie de Poutine, attaquant l’Ukraine en 2014 et 2022, a violé plusieurs accords internationaux.

Système à parti unique

Dans l’Allemagne nazie, un seul parti était autorisé – le NSDAP. Dans l’URSS stalinienne – uniquement le PCUS (b) / PCUS. Dans l’Italie nazie depuis 1928 – seul le Parti national fasciste.

Dans la Russie de Poutine, il y a également un système de parti unique : la Russie Unie dispose d’une majorité parlementaire depuis 2003, qui est devenue une majorité constitutionnelle lors des élections ultérieures (plus de 72 % depuis 2021). Il n’y a pas de partis d’opposition influents. Tous les autres partis sont soit des alliés de Russie Unie, soit des forces politiques petites et discrètes qui existent pour créer “l’apparence de la démocratie” (le Parti communiste, le Parti libéral démocrate, “Russie Juste”, “la Pomme”, etc.).

Union étroite de l’État et de l’Église

Ce phénomène était surtout caractéristique du fascisme. En Italie, sous le régime de Mussolini, la piété a été promue dans l’Église catholique. En 1929, les Pactes du Latran ont été signés et l’État de la Cité du Vatican a été créé. Le pape Pie XI a soutenu la politique agressive d’agression de Mussolini.

Dans la Russie de Poutine, l’Église orthodoxe du Patriarcat de Moscou est de facto au service de l’État et soutient une politique étrangère agressive. Le patriarche russe Kirill n’a pas condamné la guerre en Ukraine, mais a au contraire soutenu la version de Poutine. Kirill favorise les thèses de la propagande russe selon lesquelles la guerre dans l’est de l’Ukraine permet de s’opposer à ceux qui font la promotion de libertés telles que le choix de l’identité de genre.

Consolidation des rôles de genre traditionnels

Il existait un culte de la famille dans l’Italie nazie, l’Allemagne nazie et l’URSS stalinienne. L’homme devait agir comme la principale “source” de la famille, un patriote qui travaille pour le bien de l’État et qui, en temps de guerre, défend le pays. La femme devait s’épanouir d’abord au sein du ménage, en élevant les enfants et dans divers rôles de soutien.

Ce culte a été propagé de toutes les manières possibles pour donner naissance au plus grand nombre d’enfants possible – un État totalitaire a besoin de nouveaux soldats, plus il y en a, mieux c’est. Les opportunités de carrière pour les femmes ont été très limitées ou difficiles. Les relations homosexuelles ont été criminalisées.

Dans l’Allemagne nazie, les homosexuels (hommes et femmes) étaient considérés “défectueux “, “malades mentaux” et ont été soumis à l’isolement dans des camps de concentration voire de destruction (il existe des données selon lesquelles pendant le régime hitlérien, au moins 100.000 hommes homosexuels ont été arrêtés). Le régime considérait ces personnes comme “inutiles” car elles ne pouvaient pas donner vie à de nouveaux citoyens – de nouveaux soldats et mères potentiels.

Dans la Russie de Poutine, des amendements à la Constitution de Russie ont été adoptés lors de l’été 2020. L’article 114 définit « une politique unique de l’État à finalité sociale dans le domaine de la préservation des valeurs familiales traditionnelles ». Le mariage est défini comme l’union d’un homme et d’une femme. Par ailleurs, en Russie, les homosexuels sont sévèrement persécutés jusqu’à la violence physique.

Contrôle total sur les médias

Dans tous les régimes totalitaires, l’État exerce un contrôle illimité sur les médias. Il n’y a pratiquement pas de médias privés. L’État cherche à isoler autant que possible les citoyens des sources d’information alternatives pour imposer ses propres éléments de langage et sa feuille de route aux médias.

Nous constatons la même chose dans la Russie de Poutine – les médias indépendants ont été détruits et maintenant les réseaux sociaux sont fermés.

Influence illimitée de l’appareil coercitif (police, services spéciaux)

Dans l’Allemagne nazie, les forces de sécurité du parti au pouvoir (SS) et leur structure subordonnée, la police secrète d’État (Gestapo), avaient un contrôle total sur la société. Toute opposition était brutalement et impitoyablement réprimée. Les dénonciations étaient largement pratiquées. Des enquêtes et des procès ont eu lieu avec de nombreuses violations des droits de l’homme – humiliations, atteintes à la dignité humaine, pression psychologique, torture physique. La peine de mort, y compris publique, a été largement utilisée.

C’était similaire en URSS, où le KGB (qui existaient sous différents noms à différentes époques) avait un contrôle encore plus grand sur la société.

Dans la Russie de Poutine, le Ministère de l’Intérieur et le FSB exercent également un contrôle total sur la société. Toute tentative de manifestation populaire est sévèrement réprimée et les participants sont arrêtés et emprisonnés. Il existe des précédents de condamnation pour des posts, des reposts et même des jurons sur les réseaux sociaux. Récemment, Dimitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe et Président du parti Russie Unie, a fait une déclaration sur la possibilité de rétablir la peine de mort dans le pays.

Blitzkrieg enlisé (à titre de conclusion)

Comme on peut le voir, le régime de Poutine n’a rien inventé de nouveau. Son nouveau est l’ancien, toujours connu des sciences historiques. Le nazisme, le fascisme, le stalinisme et le ruscisme sont en fait une seule et même chose. Par conséquent, la liste de leurs caractéristiques communes peut s’allonger encore et encore. Nous pouvons ajouter la militarisation de la société, le culte de la guerre d’agression, le désir de “blitzkrieg” – des guerres victorieuses éclairs. Nous nous attardons sur ce dernier.

Une autre caractéristique commune à tous les régimes dictatoriaux est l’incapacité à évaluer correctement leurs propres forces. Ces régimes manquent de chefs militaires qui ont le courage d’informer le dictateur de la véritable situation de l’armée ; il y a un manque de médias indépendants qui couvrent les questions militaires sans les cacher ; ces Etats accordent peu de valeur à la vie de leurs militaires et sont préparés à la perte injustifiée colossale de personnes et de matériel pour atteindre l’objectif. Cependant, les nazis/fascistes/ruscistes n’en tiennent pas compte. En raison de leur croyance en leur propre unité et pouvoir, ils se surestiment et sous-estiment les autres.

L’URSS stalinienne a attaqué la Finlande le 30 novembre 1939 – la guerre éclair s’est transformée en une guerre prolongée, l’Armée rouge a subi d’énormes pertes, n’a pu occuper que 10% du territoire finlandais et a dû accepter la paix. L’Italie fasciste a lancé une offensive contre les colonies britanniques en Afrique à l’été 1940, et contre la Grèce à l’automne de la même année (dans les deux cas, elle a échoué). Le 10 mai 1940, l’Allemagne nazie a lancé une guerre éclair à l’Ouest, battant la France et le Benelux, mais n’a pas réussi à mettre le pied sur le sol de la Grande-Bretagne et a finalement perdu la guerre. Le 22 juin 1941, la même Allemagne lance une guerre éclair à l’est contre l’URSS – elle échoue également.

Le 24 février 2022, la Fédération de Russie de Poutine a lancé une invasion à grande échelle de l’Ukraine, espérant gagner en quelques jours – la guerre éclair a lamentablement échoué. Outre les conditions préalables susmentionnées, la guerre éclair a échoué notamment en raison de la corruption totale et du népotisme, du détournement de fonds publics en Russie à tous les niveaux, y compris dans l’industrie militaire et la sécurité. C’est peut-être la seule chose qui distingue le ruscisme de Poutine du nazisme ou du stalinisme d’Hitler. Contrairement à ses contemporains, les régimes précédents étaient beaucoup plus impitoyables envers le népotisme et la corruption.

La défaite dans la guerre sera l’effondrement du régime nazi de Poutine. Malheureusement aujourd’hui, les Ukrainiens continuent de le payer de leur vie. Cependant, il est important d’imagine dès aujourd’hui ce qui se passera après la guerre. La dénazification de l’Allemagne a été menée par les États alliés au fil des ans dans de nombreux domaines – juridique, culturel, médiatique, économique et autres. La dénazification de l’URSS n’a jamais été réalisée – au contraire, l’Union soviétique a été autorisée à sécuriser l’Europe centrale et orientale en tant que sphère d’influence. La Russie de Poutine revendique aujourd’hui cette sphère d’influence et continuera à la revendiquer si elle n’est pas complètement dénazifiée et désarmée.

Дякуємо за переклад статті Ірині Лавренчук

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